Jacques Borlée: "Les athlètes demandent juste à être soutenus"
Pour le coach bruxellois, la création des Belgian Cheetahs est "un vrai cadeau".
- Publié le 28-02-2019 à 14h53
- Mis à jour le 28-02-2019 à 14h54
Pour le coach bruxellois, la création des Belgian Cheetahs est "un vrai cadeau".
Pour Jacques Borlée, les plus belles pages de l’histoire du relais doivent encore s’écrire.
Le relais 4x400 m masculin va disputer à Glasgow une 22e finale internationale. Il a cumulé 10 médailles jusqu’à présent. Quel est votre sentiment à la lecture de ce bilan ?
"Quand je vois cela, je repense à nos débuts, en 2005, et à ce projet Be Gold exceptionnel pour lequel il faut remercier Robert Van de Walle et Guy Verhofstadt. C’est un projet fédérateur remarquable, duquel nous sommes tous sortis. Au final, nous sommes quatre fois champions d’Europe (NdlR : dont trois fois en extérieur), nous avons pris deux médailles mondiales et nous sommes passés très près d’en décrocher aux Jeux olympiques. Pour un pays comme le nôtre, il faut le dire, ce sont des résultats incroyables par rapport à la France, la Grande-Bretagne ou encore l’Allemagne qui nous jalousent terriblement. Et, malgré tout, je pense qu’on va encore écrire les plus belles pages du 4x400 m dans les mois à venir."
Ce projet a agi comme un moteur pour la discipline.
"Je me suis vraiment battu avec une vision, pour la formation d’entraîneurs aux techniques modernes, pour harmoniser le tout et faire en sorte que les gens soient heureux d’appartenir à ce projet et en faire quelque chose d’incroyable. Nos voyages en Islande et dans le Grand Canyon sont des expériences qui sont inscrites en nous, elles font partie d’un projet subliminal. Et l’Himalaya est encore à venir, en fin d’année ! Mais le vrai cadeau, c’est le 4x400 m féminin. On a montré un chemin, sur lequel les filles ont décidé de nous suivre et ça, c’est magnifique."
Est-ce un hasard si les initiatrices des Belgian Cheetahs font partie de votre groupe d’entraînement ?
"Non (sourire). J’ai juste montré que c’était possible. C’est ça, le message. Et que fait la fédération ? Elle refuse de soutenir ces projets, elle les casse. Que demande Nafi ? C’est d’être soutenue et pas d’arriver au moment fatidique avec un flingue sur la tempe. Ces gens à la fédé sont dans la posture, dans l’ego et la seule chose qui les intéresse, c’est de dire : ‘C’est nous , les chefs !’ Marc Coudron, en hockey, ne fonctionne pas comme ça, croyez-moi !"
Ce projet a aussi vu défiler un grand nombre d’athlètes. Tout le monde n’y a pas trouvé sa place.
"Non, mais c’est la synthèse du fait que c’est très dur. Et le soutien et l’amour profond qu’on donne aux athlètes est fondamental dans ce contexte-là. Ils doivent être portés. Mais les gens qui nous dirigent ne comprennent pas cela. Quand je leur parle de ça, ils se disent : ‘mais il est dingue, le Borlée !’ Et pourtant, c’est la clé : mettre l’humain au centre. Ce sont des principes de fonctionnement fondamentaux dans le sport de haut niveau. Regardez comment Patrick Lefevere chouchoute ses cyclistes. Ou comment Roger Vanden Stock se comportait avec ses joueurs à Anderlecht. J’ai un respect énorme pour ces gens-là."
Quand avez-vous compris cela ?
"Je l’ai toujours fait depuis que je suis passé coach, je pense que j’avais ça en moi. Vous savez, c’est la grande différence entre entraîner et coacher. On peut être un très, très bon entraîneur et n’avoir aucune qualité de coach, mais alors on n’obtiendra jamais de médaille. Un coach, même sans être un grand entraîneur, arrivera toujours à transmettre quelque chose et à sublimer ceux qu’il entraîne. Le rôle d’un coach est de sortir les athlètes des peurs et de les porter littéralement. C’est ce qui fait que dans les championnats, les Tornados arrivent à se lâcher. Tous mes athlètes performent à leur niveau grâce aux mécanismes de soutien. Le stress est là, mais il rentre dans les sensations, et il n’empêche pas de performer."